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LA 60EME SESSION ORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES

Mardi, 20 Septembre 2005
Presenter: 
S.E. M. ABOUDOU SOEFO
Lieu: 
New York

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire général,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Prenant la parole pour la première fois devant cette

auguste Assemblée, j'éprouve un réel plaisir à vous féliciter

chaleureusement, Monsieur le Président, pour votre élection à

la présidence de cette 60e session ordinaire de l'Assemblée

Générale de notre Organisation.

Une élection qui vous honore personnellement et consacre

vos qualités de diplomate bien apprécié de tous. Elle rehausse

également l'image de marque de votre pays.

Soyez assuré du soutien de la délégation de l'Union des

Comores, pour que vous meniez à bien votre exaltante mission.

Votre prédécesseur, Son Excellence Monsieur Jean PING,

mérite toute notre admiration, mais aussi nos félicitations,

pour l'efficacité et le dévouement avec lesquels il a dirigé

les travaux de la 59e session.

Qu'il me soit permis de renouveler ici la confiance que

nous accordons à notre Secrétaire

 

général, son Excellence

Monsieur

 

KOFI ANNAN, mais surtout notre reconnaissance pour

son engagement constant en vue de l'avènement d'un monde plus

juste, plus paisible et plus prospère !

Monsieur le Président,

Notre monde est confronté à des défis et à des menaces

qui remettent en cause la sécurité et la prospérité. Et

pourtant l'on assiste aujourd'hui à un essor technologique et

scientifique sans précédent !

De ce constat, ressort une nette régression des valeurs

humaines et des principes fondamentaux devant concourir à

l'instauration de la paix, au respect de la dignité humaine et

à la solidarité internationale.

Est-il besoin d'énumérer les fléaux modernes qui

embrasent toutes les régions du monde et qui ont pour nom

extrémisme, terrorisme, épuration ethnique et j'en passe.

A

 

ce paysage sombre de l'état du monde, qui résulte

d'une défaillance de la conscience humaine, s'ajoutent les

calamités naturelles que sont les inondations, les cyclones,

les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, les raz

de marées et bien d'autres hélas !

Le cas du cyclone Katrina, qui a ravagé la Louisiane,

pour n'en citer que le plus récent, en est un exemple

 

frappant. Le Gouvernement de l'Union des Comores, par ma voix,

exprime toute sa sympathie à son homologue des Etats-Unis

d'Amérique et à tout le peuple américain.

Monsieur le Président,

Les victimes de la violence et de l'injustice humaine,

comme celles des calamités naturelles, n'ont d'autre recours

qu'en cette Organisation investie de la plus noble mission,

celle de défendre et préserver leur dignité.

Mais cette même organisation aura besoin d'un souffle

nouveau, pour impulser une action internationale à la mesure

des attentes de nos peuples.

C'est pourquoi une redéfinition de notre vision en

matière de sécurité planétaire s'impose. Elle doit placer

l'être humain au coeur de la réflexion et prendre en compte

tous les paramètres liés à la sécurité de celui-ci.

En effet, aucune paix durable ne saurait être envisagée

dans la misère, la maladie, le désespoir, la guerre et

l'oppression, bref, dans l'incertitude du quotidien et de

l'avenir.

C'est dire la relation indissociable de la paix et du

développement auxquels nous aspirons tous et, par conséquent,

l'urgence de nous imposer un code de bonne conduite et de vie

où le droit devra tout réguler.

Il importe alors de revigorer l'ONU et la redynamiser,

pour la préparer efficacement à faire face aux problèmes du

monde contemporain.

Toutefois, la composition de ses organes doit être la

plus représentative possible du monde, afin de mieux consacrer

et illustrer son universalité, garantir l'égalité souveraine

des Etats, notamment les plus petits.

Il importe également que l'ONU, en sa qualité de

première Institution planétaire, fonctionne sur la base de

règles et normes reconnues et approuvées de tous, ce qui

renforcera sa crédibilité.

C'est seulement de cette manière que nous réglerons

réellement les problèmes du terrorisme, en le traitant à la

racine et que nous marquerons notre sympathie et toute notre

solidarité à ceux qui ont consacré toute leur vie à la lutte

contre l'exclusion et l'injustice.

 

En ce moment précis, j'ai une pensée profonde pour tous

ceux qui ont combattu pour ces nobles causes, partout dans le

monde. Le peuple frère de Palestine en est une parfaite

illustration.

En effet, les aspirations du peuple palestinien, sont

celles d'un peuple revendiquant sa dignité et sa sécurité.

Aussi, pour l'intérêt de tous les peuples du Proche

Orient, le processus de paix devra-t-il continuer, car

construire la paix et la préserver demeurent une exigence

majeure pour notre monde.

Il est urgent qu'un Etat palestinien soit créé et qu'il

puisse vivre avec l'Etat d'Israël et tous les autres pays

voisins, dans la paix, la sécurité et la stabilité.

Mon pays salue ainsi le retrait d'Israël de la bande de

Gaza, lequel constitue un pas décisif dans la recherche d'une

solution rapide, juste et équitable à ce problème qui n'a que

trop duré.

Nous restons convaincus que ce geste augure de

 

s

perspectives heureuses pour la région et les peuples

concernés.

S'agissant de l'Irak, les conditions doivent être

suffisamment créées pour permettre une réelle avancée vers la

paix, laquelle garantira la stabilité nécessaire au

développement socio-économique de ce pays.

En Asie, la situation mérite également une attention

particulière de la part de la Communauté

 

internationale.

En effet, l'enlisement de la question de la province

chinoise de Taiwan, pour ne citer que ce cas, n'est pas de

nature à favoriser la stabilité dans cette partie du monde.

C'est pourquoi, dans son souci de voir s'affirmer

toujours la primauté du droit, dans les relations

internationales, et garantir le respect de l'unité nationale

des pays, l'Union des Comores exhorte cette auguste Assemblée

à prendre en compte la revendication légitime du Gouvernement

de la République populaire de Chine sur la province chinoise

de Taiwan.

 

Monsieur le Président,

En Afrique, nous notons avec satisfaction le dénouement

de certaines crises, notamment en République du Soudan, où

l'évolution actuelle de la situation ouvre des perspectives

vers une réconciliation nationale effective. Le Gouvernement

de l'Union des Comores encourage les parties soudanaises à

persévérer dans cette voie.

Quant aux autres crises non encore résolues, nous

exhortons la Communauté

 

internationale à jouer un rôle de

premier plan, en vue de leur dénouement.

En effet, la stabilité demeure une condition primordiale

pour le succès des efforts de développement économique de

l'Afrique, déployés à travers le NEPAD et les autres

initiatives régionales et mondiales concourant au même

objectif.

De même, ces efforts ne sauraient être concluants, si

le sida, le paludisme, la drépanocytose et j'en passe,

continuent de sévir dans nos pays.

A cela s'ajoutent le lot d'autres menaces tels que la

sécheresse, la famine, l'invasion acridienne, l'extrême

pauvreté, et le poids de la dette qui contribue à engloutir

les économies dans nos pays.

Aussi, comment ne pas saluer l'initiative de la tenue du

Sommet sur l'Evaluation des Objectifs du Millénaire pour le

Développement, qui devra permettre les réaménagements

nécessaires, pour que d'ici 2015, l'objectif de développement

visé soit atteint.

Monsieur le Président,

Les problèmes environnementaux affectent tous les Etats

et constituent une source de réelle préoccupation pour nous

tous.

La pollution à outrance, la destruction de la couche

d'ozone, le déboisement, la montée de la mer, bref la

dégradation sans cesse croissante de l'environnement appellent

à une réelle prise de conscience de cette menace planétaire.

Mais si ces problèmes sont propres

 

à plusieurs Etats, il

convient de reconnaître que certains parmi eux, en

l'occurrence les Petits Etats Insulaires en Développement,

présentent des particularités qu'il faudrait prendre en

considération et traiter avec davantage d'attention.

 

C'est le cas pour l'Union des Comores qui a récemment

connu une éruption volcanique ayant engendré des dégâts

majeurs sur l'environnement.

Ces menaces qui pèsent quotidiennement sur nos pays

appellent à la mise en place, dans les meilleurs délais

possibles, de mécanismes de prévention et de gestion des

catastrophes naturelles.

Nous nous félicitons des initiatives régionales,

notamment au niveau de la Commission de l'Océan Indien, qui

vont dans le sens d'une meilleure prise en charge de ces

situations et nous exhortons la Communauté internationale à

nous apporter également son précieux concours.

Je saisis cette occasion pour exprimer notre

reconnaissance au Gouvernement français, au programme des

Nations Unies pour le Développement, à tous les autres pays

amis et aux institutions spécialisées des Nations Unies qui

nous ont grandement assistés, dans la prise en charge et la

gestion de cette catastrophe.

Monsieur le président,

Je parlais plus haut des inégalités qui caractérisent

notre monde. Elles se manifestent à plusieurs niveaux certes,

mais l'aspect socio-économique est le plus criant.

Longtemps en marge de la sphère mondiale des décisions,

nos pays du sud continuent de subir les conséquences de leur

fragilité économique. Les règles de jeu dans le système du

Commerce mondial nous excluent, de facto, du circuit.

D'autre part, le faible degré d'appropriation des

nouvelles technologies de l'information et de la communication

dans le sud est plus que révélateur du grand écart qui existe

dans ce domaine entre nos pays et ceux du nord.

De son côté, la dette continue de peser sur de nombreux

pays du sud, même si, dans un élan de générosité et surtout

de responsabilité de la part des pays riches, certains parmi

eux ont vu leur situation prise en compte et améliorée, à

travers l'annulation de leur dette.

C'est dire toute l'urgence qui caractérise l'examen de

la situation économique et financière des pays du sud pour

leur permettre de s'inscrire réellement dans la dynamique de

la mondialisation.

Ainsi, pour remédier aux disparités et à la lenteur

constatées dans la réalisation des objectifs de développement

en général, un partenariat mondial s'impose.

Dans ce contexte, il est urgent d'accorder une attention

particulière

 

à la situation des couches sociales les plus

 

défavorisées, notamment en leur assurant l'accès aux services

financiers, à travers la promotion de la micro finance et du

microcrédit.

Par ailleurs, la situation de la dette nous interpelle

et son examen objectif s'impose. Nous devons placer

l'annulation de la dette publique des Pays Pauvres Très

Endettés, celle des Pays les Moins Avancés et celle des Pays

en Développement à faible revenu et à revenu intermédiaire, au

centre de nos préoccupations.

Enfin, l'action internationale devrait aller dans le

sens de la promotion d'un système commercial équitable,

réglementé, ouvert et non discriminatoire, notamment en

facilitant l'adhésion des pays en développement à

l'Organisation Mondiale du Commerce.

Monsieur le Président,

L'ONU est une tribune irremplaçable. Creuset à la fois

de nos cris d'alarme et de nos espoirs pour un monde meilleur,

elle reste le cadre idéal pour évoquer la situation mondiale

et donner un aperçu de la situation dans nos pays respectifs.

En ce qui concerne l'Union des Comores, je suis heureux

de vous annoncer, du haut de cette tribune, le parachèvement

de la mise en place des nouvelles institutions qui sont

aujourd'hui effectives. Nous y avons tous grandement

contribué, soyez-en remerciés !

Nous avons, à présent, le double devoir de consolider

les précieux acquis de la réconciliation nationale et de

promouvoir le développement socio-économique du pays.

C'est ainsi qu'avec nos partenaires au développement,

nous menons des actions en vue de redynamiser notre

coopération pour mieux l'orienter vers le bien-être de la

population.

Dans cette même optique, la réalisation des Objectifs du

Millénaire pour le Développement demeure une des priorités du

Gouvernement de l'Union des Comores.

Par ailleurs, mon pays qui a conclu un programme de

référence avec le Fonds Monétaire International (FMI), en

janvier 2005, poursuit ses efforts d'assainissement des

finances publiques, dans la perspective de conclure avec les

Institutions de Bretton Woods, un programme de Facilité de

Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (FRPC), visant

à mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise

en oeuvre de ses priorités de développement.

 

Dans cette démarche, les autorités comoriennes oeuvrent

également à la concrétisation de la recommandation de la

Communauté Internationale relative à la tenue d'une Conférence

des Bailleurs des Fonds, en faveur des Comores.

J'ai donc le plaisir d'informer cette auguste Assemblée

que cette assise capitale pour le devenir économique et social

de mon pays se tiendra le 8 décembre prochain, en République

de Maurice, sous les auspices de l'Union Africaine.

Au nom de mon pays, j'exhorte la communauté

internationale à nous apporter son précieux concours en vue de

sa réussite.

Je voudrais également saisir cette agréable opportunité,

pour exprimer notre profonde gratitude à la République de

Maurice, pour son offre généreuse d'abriter cette importante

Conférence.

Nous remercions tout particulièrement le Premier

Ministre de l'île Maurice, Son Excellence Navin Chandra

Rangoolam, pour sa disponibilité à co-présider cette

Conférence.

Dans le même sens, au nom du Gouvernement de l'Union des

Comores, je rends un hommage mérité à la République d'Afrique

du Sud pour son soutien constant au profit des Comores et pour

avoir mené, avec succès et réussite, la coordination des

efforts de l'Union Africaine et des Pays de la région, en

faveur du processus de réconciliation nationale de mon pays.

Les comoriens accueillent avec bonheur et satisfaction,

l'intérêt constant que Son Excellence Monsieur Thabo MBEKI,

Président de la République d'Afrique du Sud attache au devenir

des Comores et sa disponibilité à co-présider la Conférence

au profit des Comores.

Monsieur le Président,

Je ne saurais clore mon propos sans évoquer, devant

cette auguste Assemblée, la question de l'île comorienne de

Mayotte.

A la suite d'une série de concertations engagées entre

les autorités françaises et comoriennes, dans leur souci

partagé de trouver, à cette question, une solution qui

préserve à la fois l'amitié et la coopération entre les deux

pays, sauvegarde les intérêts des deux Etats et qui

satisfasse aux aspirations de l'ensemble de la population de

l'Archipel, une nouvelle dynamique est initiée.

 

Elle consiste à favoriser le dialogue direct entre les

deux parties, l'objectif étant de trouver une solution liant

le droit aux intérêts des uns et des autres.

Le gouvernement comorien fonde beaucoup d'espoir en

cette dynamique. Il pense, en effet, pouvoir faire confiance à

la République Française, pour sa disponibilité d'oeuvrer à la

recherche d'une solution concertée et honorable à cette

situation.

Je saisis donc cette opportunité pour renouveler nos

sincères remerciements à l'endroit de tous les Amis des

Comores qui n'ont jamais cessé d'apporter leur soutien, leur

encouragement et leur solidarité agissante à mon pays, dans la

recherche d'une solution conforme au droit, sur cette

question.

Je voudrais également les rassurer, au nom du

Gouvernement de l'Union des Comores, qu'ils seront constamment

tenus informés de l'évolution de ce dossier et qu'ils seront,

si tel est l'intérêt de la question, associés

 

à ce processus.

Monsieur le Président,

Oeuvrer pour la paix c'est lutter contre tout ce qui

nourrit l'extrémisme et toute forme de frustration possible.

Oeuvrer pour la paix, c'est également mettre les moyens

nécessaires à la garantie d'un développement sans lequel

l'Homme n'a aucune dignité.

Aussi, le salut de notre monde réside en cette

organisation. Oeuvrons pour son renouveau, pour plus de

paix, de bonheur et pour plus de dignité humaine !

Oeuvrons pour l'égalité des chances pour tous !

Je vous remercie.