Monsieur le Président,
Permettez-moi tout d'abord, au nom de la délégation
comorienne et en mon nom propre, de vous féliciter
chaleureusement d'être élu pour présider les travaux de
cette 59ème Session de l'Assemblée Générale de notre
Organisation.
C'est là une tâche qui n'est pas aisée. Mais elle vous
honore, vous-même, votre pays et tout le continent
africain, puisqu'aucune autre organisation ne peut se
prévaloir de cette vocation universelle.
Je voudrais donc vous assurer de la disponibilité
totale de ma délégation à oeuvrer à vos côtés pour le succès
de cette noble mission, au service de la paix et de la
sécurité dans le monde.
Ma délégation se félicite également de la manière dont
votre prédécesseur a dirigé les travaux de la 58ème
Session.
Je salue, au nom des Comores, l'engagement
indéfectible et la disponibilité entière du Secrétaire
Général de notre Organisation, dans son combat qu'il mène
pour la promotion des idéaux de paix, de justice sociale,
de développement et de liberté dans le monde.
Monsieur le Président,
Pendant que le monde avance doucement dans ce
troisième Millénaire, force est de constater que les
sentiments de nos peuples respectifs vacillent entre espoir
et inquiétude.
En effet, alors que la relation entre la paix et le
développement se justifie de plus en plus et rend l'une
indissociable de l'autre, le cours des évènements mondiaux
tend plutôt à remettre celle-ci en cause.
Il est vrai qu'il ne peut y avoir de paix et de
sécurité dans le monde tant que des centaines de millions
de personnes restent encore prisonnières de la misère et de
la pauvreté et n'ont toujours pas le minimum requis pour
une vie quotidienne décente.
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Il ne peut, non plus, y avoir de paix et de sécurité
dans le monde tant que, tous ensemble, nous n'aurons pas
consenti les efforts indispensables pour sauver les
centaines de millions de vies humaines menacées par les
fléaux que sont le SIDA et les autres Pandémies.
Par ailleurs, quelle paix peut-il y avoir dans un
monde qui fait de la prolifération des armes et de la
multiplication des foyers de tensions, la logique même de
son existence et le vecteur de son évolution ?
Voilà, Monsieur le Président, les problématiques qui
nous interpellent, en tant que forum ayant pour vocation
première de veiller à la bonne marche du monde, à la
prospérité et à l'épanouissement de l'espèce humaine, et à
la maîtrise de l'environnement global de notre action qui
doit servir la cause et le bonheur de chaque peuple, de
chaque nation et de chaque citoyen du monde.
Voilà pourquoi, Excellences Mesdames et Messieurs,
notre Organisation doit, aujourd'hui plus que jamais, jouer
pleinement son rôle défini par la Charte des Nations
Unies : un rôle d'avant-garde, un rôle de médiation par
excellence, un rôle d'impulsion et de promotion des acquis
des formidables évolutions que nous apporte chaque jour le
développement des Sciences.
C'est la raison pour laquelle mon pays dit Non à la
pauvreté, Non au SIDA et aux autres pandémies, Non au
terrorisme et Oui à la mise en oeuvre des Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
Pour combattre les fléaux que sont la pauvreté, les
grandes maladies et le terrorisme, il faut une volonté
ferme et déterminée d'aller vers le développement.
Le Sommet du Millénaire, auquel ont participé tous les
hauts dirigeants de notre planète, a fait pleinement le
constat de cette réalité.
Il a donc, dans sa Déclaration, arrêté la démarche à
suivre et la voie à emprunter pour une maîtrise efficace de
l'évolution du monde et une correction progressive des
irrégularités constatées et a fixé, pour 2015, l'échéance
pour l'évaluation du plan d'action retenu que chaque pays,
chaque nation, doit mettre en oeuvre, dans cette volonté
collective de sortir le monde du chemin de l'égarement.
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Monsieur le Président,
L'Union Des Comores a fait siens les Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
Et, tout en agissant dans le sens de l'évolution
positive du processus de réconciliation nationale, le
gouvernement de mon pays, a déployé les efforts nécessaires
pour se doter, à l'instar de tous les autres membres du
concert des nations, d'un Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté.
Ce Document auquel ont largement contribué à sa
réalisation, toutes les forces actives de notre pays,
constitue aujourd'hui le tableau de bord de nos priorités
de développement.
Mais pour réaliser ces actions prioritaires pour les
Comores et pour le monde, mon pays, qui vient de parachever
au mois d'avril dernier, la mise en place de ses
institutions, mettant ainsi fin à la crise séparatiste et
institutionnelle qui a pendant sept ans secoué les
fondements de l'Etat, a besoin de l'accompagnement de la
Communauté Internationale.
Nous souhaitons notamment que la volonté exprimée par
le dernier Sommet de l'Union Africaine à Adis Abeba pour la
tenue d'une Table Ronde des pays donateurs en faveur des
Comores, bénéficie du soutien de l'ensemble de la
Communauté Internationale, pour que les Comores aujourd'hui
convalescentes puissent progressivement rejoindre les
autres peuples, dans l'espace à la fois sous régional,
continental et global, sur le chemin de la réalisation du
développement durable qui s'impose désormais, comme la
priorité des priorités.
Monsieur le Président,
Si pour la réalisation des Objectifs du Millénaire
pour le Développement, il faut certes un engagement
national ferme de chacun des Etats membres du concert des
nations, cela milite aussi en faveur d'une plus grande
représentativité au sein de l'Organisation des Nations
Unies, des continents et des peuples.
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Ainsi convient-il d'envisager l'élargissement du
Conseil de Sécurité à d'autres membres permanents, comme
la République de l'Inde, le Japon, la République Fédérale
d'Allemagne et la République Fédérative du Brésil.
Le continent africain et le monde arabe méritent
également d'être dignement représentés au sein du Conseil
de Sécurité.
C'est de cette manière qu'il peut y avoir de
l'équité, car celle-ci s'impose impérieusement pour plus de
justice et de paix dans le monde.
Tel semble le prix à payer, aujourd'hui, pour générer
les équilibres nécessaires à la maîtrise du contexte
international et de l'environnement global qui n'ont
jamais été aussi instables et incertains.
Et, dans la quête permanente de paix, de justice
sociale et de prospérité, le sort des Petits Etats
Insulaires, avec toutes les menaces qui planent sur eux
quant à leur survie, ne saurait être hypothéqué.
Prenons davantage conscience, qu'il s'agit là de
nombreux pays appelés à disparaître, suite à de multiples
aléas, tels que la montée de la mer, les désertifications,
les cyclones, les éruptions volcaniques et j'en passe.
C'est dans ce sens qu'il y a nécessité d'envisager une
action spécifique pour ces Etats. Nous exhortons donc la
communauté internationale à se mobiliser massivement, pour
garantir le succès du prochain Sommet sur les Petits
Etats Insulaires, prévu à l'île Maurice en début d'année
2005.
Monsieur le Président,
Je ne peux manquer de rappeler devant cette auguste
Assemblée que, dans son souci de préserver son unité et son
intégrité, mon pays, l'Union des Comores, inscrit la
question de l'île comorienne de Mayotte parmi ses plus
grandes et urgentes préoccupations.
Le gouvernement de l'Union des Comores reste
convaincu qu'une solution rapide à ce contentieux est de
nature à favoriser le développement de l'ensemble du pays
et permettrait à celui-ci de s'engager résolument aux
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côtés des nations éprises de paix et de liberté pour la
défense des idéaux universels et la promotion de la
démocratie dans le monde.
C'est ainsi que l'Union des Comores lance un appel à
la République française pour qu'ensemble nous engagions un
dialogue politique constructif sur cette question, dans le
respect de la résolution des. Nations Unies admettant les
Comores à l'ONU, en tant qu'Etat -Archipel composé de
quatre îles : Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande-Comore.
Monsieur le Président,
Dans cet élan, mon pays souhaite faire part de
l'intérèt majeur qu'il accorde au principe d'une seule
Chine indépendante et indivisible et demande la
réintégration de l'île de Taiwan dans son giron naturel.
Mon pays apprécie hautement le dialogue très
constructif engagé en ce moment entre le gouvernement de la
République de l'Inde et celui de la République Islamique du
Pakistan, sur la question du Cachemire.
Mon pays formule des voeux ardents pour qu'entre le
peuple palestinien et le peuple israélien s'instaure
rapidement un dialogue capable de mettre un terme à la
violence et de conduire à la cohabitation pacifique entre
ces deux peuples voisins.
L'Union des Comores formule aussi des voeux ardents
pour une résolution juste et équitable de la question du
Sahara Occidental et appuie vigoureusement les efforts
déployés à cette fin par les Nations Unies et le
gouvernement du Royaume du Maroc.
L'Union des Comores condamne énergiquement les prises
d'otages en Irak et espère le retour rapide de la paix et
de la sécurité en Irak, afin de contribuer à la sécurité
dans la région.
Je voudrais, pour terminer, souhaiter pleins succès
aux travaux de cette 59ème Session de notre Organisation
et associer la voix de mon pays à celle de toutes les
éminentes personnalités qui m'ont précédé à cette noble
tribune, pour formuler des prières ardentes pour plus de
paix et de sécurité dans le monde.
Je vous remercie.