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Déclaration du Burkina Faso au débat général de la 62e Session de la Commission de la condition de la femme prononcée par Madame Marie Hélène Laurence Ilboudo/ Marchal, Ministre de la Femme, de la Solidarité Nationale et de la Famille

Mardi, 13 Mars 2018

Soixante-Deuxième Session de la Commission de la Condition de la Femme

(New York, 12 -  23 mars 2018)

Débat Général

Thème : Problèmes à régler et possibilités à exploiter pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural

 

Déclaration Du Burkina Faso Prononcée par 

Madame Hélène Marie Laurence ILBOUDO/MARCHAL

Ministre de la Femme, de la Solidarité Nationale et de la Famille

New York, le 13 mars 2018

 

Monsieur le Président,

C’est un grand honneur et un privilège pour moi de m’exprimer au nom de la délégation du Burkina Faso, à l’occasion de ce grand rendez-vous annuel consacré à la condition de la femme.

Le Burkina Faso se réjouit de prendre part à la présente session dont le thème s’inscrit dans le contexte global de renforcement du cadre programmatique et stratégique de la déclaration de Beijing de 1995. 

Mon pays fait siennes les déclarations prononcées par l’Egypte au nom du G77 plus la chine et par la Gambie au nom du Groupe africain.

Monsieur le Président,

Me référant aux projections de l’Institut national de la statistique et de la démographie, la population du Burkina Faso en 2016 était estimée à 19 034 397 habitants dont 52% de femmes, avec près de 77% résidant en milieu rural. Cela représente plus de 7 millions de femmes et de filles qui ne jouissent toujours pas pleinement de leurs droits. Le diagnostic social, économique et politique fait ressortir des inégalités en défaveur de la femme. En effet,

  • Au niveau de l’éducation, les femmes connaissent un déficit en matière d’alphabétisation par rapport aux hommes. En milieu rural, le taux d’alphabétisation des hommes est 2 fois plus élevé que celui des femmes  32,5% contre 16%.
  • Au niveau du taux de scolarisation, si on note une réduction voire une annulation des écarts en milieu urbain, en milieu rural des écarts demeurent et la situation reste préoccupante dans le domaine du maintien des filles à l’école.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la déperdition scolaire des filles lorsqu’on passe du cycle primaire au supérieur. En plus des difficultés économiques liées au faible pouvoir d’achat des parents, les facteurs limitants spécifiques aux filles sont l’éloignement des écoles en milieu rural, les corvées ménagères, les mariages forcés et précoces, le harcèlement sexuel et les préférences pour les garçons.

  • Dans le domaine de la santé, des efforts doivent être faits pour renforcer les services sociaux de base et le plateau technique des structures sanitaires. En 2016, le gouvernement a déclaré la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans.  L’Etat ambitionne d’ici à fin mars 2018, offrir la gratuité de la planification familiale aux femmes et aux filles.

Monsieur le président,

  • Dans le domaine de l'emploi, les femmes représentaient 24,2% des effectifs du secteur public et du secteur privé formel en 2015. Il se dégage ainsi un gap à combler de 25,8% pour atteindre la parité entre les deux sexes en matière d'emploi formel.
  • En matière d’entrepreneuriat, la situation n’est pas reluisante. La création d’entreprises est un facteur important pour l’autonomisation économique de la femme et partant du développement durable du pays. En effet, les études mettant en relation la participation économique des femmes et les performances économiques, ont montré que la parité est un facteur clé de croissance et de redressement économique. Au Burkina Faso, les données montrent qu’en 2016 les femmes sont propriétaires seulement de 19,71% des entreprises. 

 

L’étude sur les institutions sociales discriminatoires (Social institutional gender index) réalisée de mai 2016 à septembre 2017 montre que moins de 10% de femmes possèdent un compte dans une institution financière et que seulement 2,7% des femmes ont recours au crédit. Les raisons sont entre autres l’analphabétisme,  le manque de garanties et de connaissances financières pour  les procédures de montage des crédits.

 

Monsieur le président,

 

  • Les femmes constituent la majorité des travailleurs agricoles, mais leur accès à la terre reste précaire. les femmes sont totalement dépendantes de leur époux, qui sont les propriétaires des parcelles agricoles.

Les résultats de l’étude SIGI montre que les femmes, même si elles possèdent des terres, n’en ont pas le contrôle. En effet,  seules 14 % d’entre elles ont la possibilité de vendre leurs parcelles et 20 % de les utiliser comme garantie pour l’obtention d’un prêt. En 2016, le Président du Faso a décidé de l’octroi d’au moins 25% à 30% des superficies nouvellement aménagées aux femmes. Le bilan de cette mesure fait ressortir que sur 43 426 ha attribuées, seulement 21 093 ha ont été alloués aux femmes, soit 48,57%.

A tous ces facteurs socio-économiques s’ajoutent la radicalisation et l’extrémisme violent dont les conséquences affectent directement et de manière disproportionnée les femmes et les jeunes filles.

En rappel, le Burkina Faso est la cible de nombreuses attaques terroristes qui, nous savons est un obstacle important au développement d’un pays.

 

Monsieur le Président,

 

Au regard des obstacles auxquels sont confrontées les femmes et les filles vivant en milieu rural, plusieurs défis sont à relever parmi lesquels :

 

  • la réduction du rayon moyen d’accès aux services de santé et le renforcement du plateau technique sanitaire ;
  • l'accès à l'eau potable et à l'assainissement ;
  • le renforcement du droit des femmes à accéder à la terre et aux ressources productives ;
  • l’investissement dans l’éducation et l’alphabétisation des femmes et des filles vivant en milieu rural ;
  • l’intégration de l’éducation sexuelle en milieu scolaire et dans les centres d’apprentissage en vue de réduire les grossesses précoces et non désirées des jeunes ;
  • la levée des barrières socio-culturelles, financières et juridiques pour l’accès des femmes aux soins de santé sexuelles et reproductives y compris la planification familiale ;
  • l’investissement dans les technologies qui réduisent le temps de travail des femmes vivant en milieu rural ;
  • la vulgarisation de la technologie mobile et numérique en vue de permettre aux femmes vivant en milieu rural d’en tirer meilleur profit dans le cadre de leurs activités ;
  • l’amélioration des données ventilées par sexe et par structure d’âge en vue de permettre des interventions ciblées ;
  • l’intensification de la formation des femmes en leadership ;
  • la mise en place de programmes de lutte contre les pratiques néfastes à la santé et au bien-être des femmes et des filles notamment les mutilations génitales féminines, et le mariage des enfants ;
  • le renforcement du pouvoir économique des femmes à travers l’accès aux crédits et la promotion de l’entrepreneuriat féminin ;
  • la mise en place et la promotion de partenariats stratégiques sur la base d’une solidarité forte et agissante.

Monsieur le Président,

L’engagement politique des autorités du Burkina Faso s’est traduit en 2018 par l’offre de nouvelles opportunités et perspectives aux femmes et aux filles du Burkina Faso, au titre desquelles :

  • l’augmentation du budget alloué à l’acquisition de technologies au profit des femmes rurales de 355 239 dollars US (200 millions) en 2017, ce fonds passe à 4. 440. 497 dollars US (2,5 milliards de FCFA)  en 2018;
  • le rattachement institutionnel au ministère de la femme du Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF) principal instrument de financement des femmes rurales qui était initialement arrimé au ministère des finances ;
  • l’extension du cash transfert du projet "filets sociaux" financé par la Banque mondiale sur toute l’étendue du territoire ;
  • l’augmentation du budget du ministère en charge de la femme.

Monsieur le Président,

Pour terminer, le Burkina Faso voudrait réaffirmer que l’égalité des sexes n’est pas seulement un droit fondamental de la personne, mais elle est aussi un fondement nécessaire pour l’instauration d’un monde pacifique, durable  et prospère.

C'est à l'aune de cette réalité que nous tiendrons notre promesse de ne laisser personne de côté.

Je vous remercie!