Excellence Monsieur le President de l' Assemblee Generate,
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement,
Excellence Monsieur Ie Secretaire General,
Honorable assistance,
Permettez-rnoi,
cette annee encore, de consacrer 1'essentiel de mon allocution a
1'importante question de l'ile comorienne de Mayotte, ce differend qui nous oppose
a Ia
France, depuis plus de trois decennies maintenant, tout en esperant qu'elle beneficiera d'une
rneilleure
comprehension et d'une solidarite agissante de la part de cette auguste Assemblee.
Je suis convaincu, que l'avenir de mon pays, 1'Union des Comores, depend de la paix
et de la stabilite or il ne peut y avoir de stabilite durable dans mon pays, sans une solution
definitive
acette question.
C'est dans ce sens que nous avons demande, cette annee encore, que soit inscrite
a
l'
ordre du jour de cette Soixante Cinquierne Session de notre Assernblee, cette question de
l'ile comorienne de Mayotte,
Je voudrais, dailleurs, saisir cette occasion pour dire Ia profonde gratitude du peuple
comorien pour le precieux et indefectible soutien que lui apportent sur cette question,
l'Union africaine, la Ligue des Etats
arabes et l'Organisation de la Conference
islamique.
Monsieur Ie President,
Je voudrais commencer par rappeler que conformement aux recommandations des
Nations Unies, des plus hautes autorites francaises ont affirme elles-rnemes la vocation
des Comores
aacceder alindependance, dans l'intangibilite de ses frontieres.
C'est ainsi que 1'ancien President francais, Valery Giscard d'Estaing avait declare,
entre autres, que
... les Comores S01l1 line unite, ont toujours ite une unite et if est nature!
que
leur sort soit un sort commun»,
Je juge egalement essentiel et opportun de rappeler, aujourd'hui, quelques resolutions
de notre Organisation, qui confirment la legitimite de la revendication comorienne de cette ile
de Mayotte.
3
II s'agit de la resolution 1514 (XV) de l'Assernblee generale en date du 14 decembre
1960, relative
a l'octroi de l'independance aux pays et aux peuples coloniaux, qui garantit
l'unite nationale et l'integrite territoriale de ces pays, lors du recouvrement de leur
souverainete.
La resolution 3391 (XXIX) de I'Assemblee generale en date du 13 decembre 1974
qui reaffirme l'integrite et l'unite de l'Archipel des Comores.
En outre, la resolution 3385 (XXX) du 12 novembre 1975, adoptee quelques mois
apres l'independance des Comores, qui enterine l'admission au sein des Nations Unies, de
I'
Archipel des Comores compose de Mayotte, d' Anjouan, de Moheli et de la Grande Comore.
Enfin, la resolution historique n° 31 (IV) en date du 21 octobre 1976 qui met en
exergue Ie droit des Comores et les devoirs de la France, eu egard de ce pays independant.
Permettez-moi de vous faire lecture du dispositif de cette resolution qui revet une importance
capitale pour mon pays, et qui restera,
ajamais, gravee dans la memoire des mes compatriotes
Comoriens:
«
CONSIDERANT que l'occupation par la France de Pile comorienne de Mayotte
constitue
IIlW at/elute flagrante a I'unite natlonale de l'Etat comorien, membre tie
l'organisation
ties Nations Unies,
Considerant qti'une telle attitude de la France constitue une violation des principes des
resolutions pertinentes de I'Organisation des Nations Unies, en particulier de Ia resolution
1514 (XV) de I'Assemblee Generate, en date du
14 decembre 1960, relative al'octroi de
l'independance aux
pay.\· et attx peuples CO[01l101lX, qui garantit l'unite nationale et
l'lntegrite territoriale
tie ces pays.
I) Condamne les referendums du
8 fevrier et du II avril 1976 organises dans l'ile
Comorienne
tie Mayotte parle gouvernement Francais et les considere comme nuls
et
11011
avenus, et rejette ;
a) Toute autre forme de referendums ou consultations qui pourraient
eIre
organises
ulterieurement ell territoire Comorien tie Mayotte
pal'
la France
,.
b)
Toute legislation etrangere tendant a legaliser une quelconque
presence coloniale Francoise
ell territoire Comorien tie Mayotte.
2)
Condamne energiquement la presence tie la France it Mayotte qui
constitue une
violation de l'unite nationale, tie I'intigriti territoriale
et de la souverainete de la Republique Independante des COli/ores
»,
fin de citation.
4
Or, Mesdames et Messieurs, la France refuse de se conformer a toutes ces resolutions
pertinentes adoptees par l' Assemblee generate de notre Organisation a propos de l'Ile
comorienne de Mayotte et continue de violer le principe de l'intangibilite des frontieres
coloniales.
Faut-il rappeler que ce principe de l'intangibilite des frontieres est devenu une regie
coutumiere internationale codifiee par l'urtlcle 6 de la resolution 1514 qui stipule
que
.« tolite tentative visant il detruire partiellement Oil totalement l'unite nationale et
I'integrite territoriale £1'11I1 pays est incompatible avec les buts etles princlpes de la Charte
des Nations Unies
» ?
Cette merne resolution rappelle que
« tous Ies Etats doivent observer fidelement et
strictement les dispositions de la Chane des Nations Unies, de la Declaration universelle
des Droits de l'Homme et de la presente Declaration sur la base de ['egalite, de la
11011
ingerence
dans les affaires intdrieures ties Etats et till respect des droits souverains et de
I'integrite territoriale
de tous les peuples N.
La jurisprudence internationale reconnait pleinement ce principe de I'indivisibilite des
entites coloniales :
dans I'arre: rendu le II septembre 1992 dans un differend opposant le
Honduras au Salvador, la Cour internationale de la Haye proclame que
« le principe
de l'intangibilite des frontieres coloniales est
IIIl principe retroactif qui transforme ell
frontieres internationales
ties limites administratives concues al'origine atie toutes autres
fills»
!
Monsieur Ie Secretaire General,
Honorable assistance,
Pendant plusieurs annees mon pays a pris la cornmunaute internationale a ternoin et a
fait connaitre sa bonne disposition a privilegier la recherche bilaterale d'une solution juste et
equitable.
La reponse a notre endroit a ete cinglante : non seulement la France a pris en 1994 des
mesures unilaterales visant a entraver la libre circulation des personnes, par l'instauration
d'un visa pour tout Comorien desirant se rendre a Mayotte,
cette partie du territoire comorien, mais elle a aussi engage en I'an 2000 un processus illegal
de departernentalisation de l'ile, par rapport ala legalite internationale.
Je tiens a souligner ici que l'imposition de ce visa en 1994, a des consequences
humainement drarnatiques. Elle fait du bras de mer d'environ 70 km separant Anjouan de
l'ile sceur de Mayotte, Ie plus grand cimetlere marin au monde, avec pres de sept mille
morts deja comptabilises.
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En outre, alors que nous nous etions mis d'accord pour mettre en place un groupe de
travail de haut niveau charge de relancer Ie dialogue et reflechir ensemble
ade solutions justes
et equitables, la France organisait Ie 29 mai 2009, une autre consultation visant
atransformer
Ie statut de l'ile de Mayotte en un departement d'outre mer.
Monsieur le President,
Honorable assistance,
Nous nous etonnons que malgre toute la bonne volonte de la partie cornorienne et
notamment la proposition novatrice sur Mayotte
asavoir <-cun pays, deux systemes> que
j'ai moi-rneme presentee, lors de la precedente session, au sein de cette auguste Assernblee, la
France n'ajusqu'alors donne de reponse positive
acette main tendue.
Or, ce double systerne serait un comprornis qui guarantirait, enfin, le respect du droit
international tout en pennettant
a la France de continuer a adrninistrer l'ile comorienne de
Mayotte, de facon legitime, pendant une periode qui serait determinee de commun accord. Il
permettrait, ensuite
anos freres et seeurs mahorais de preserver leurs acquis sociaux ainsi que
leur niveau de vie. II pennettrait, enfin, aux trois autres lies de relever, dans la paix et la
stabilite, les nombreux defis que posent le developpernent.
Toutefois, la France veut ignorer ce compromis, et face
a cette attitude, nous nous
trouvons dans I'obligation de solliciter notre chere Organisation dexiger de la France qu'elle
respecte et se confonne au droit international, en appliquant les differentes resolutions
pertinentes des Nations Unies sur l'ile comorienne de Mayotte et de reconsiderer sa position
par rapport
a cette main tendue qui. constitue, de toute evidence, un enorme sacrifice pour
mon pays, qui est dans son droit.
II y va de l'avenir des Comores, ce petit pays souverain, membre de notre
Organisation des Nations Unies.
Il y va, en outre. de l'honneur de la France, ce grand pays dont les ideaux de liberte,
d'egalite et de fraternite ont fortement et profondement inspire la Declaration universelle
des droits de l'homme et les principes qui fondent notre Charte.
II y va, enfin, de l'honneur de notre Organisation, qui,
si! saverait que Ie droit et la
legalite internationale devaient etre constamment ignores et I'integrite territoriale des
Comores continuellement bafouee, toute sa credibilite serait mise en cause.
En effet, l'ONU etant la garante du respect du droit intemationl, illui revient d'exiger
de ses membres que leurs legislations se conferment, imperativernent,
a ses resolutions
pertinentes.
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De ce fait, je ne peux que souscrire aux propos du President de l' Assemblee Generate
des Nations Unies, Son Excellence Monsieur Joseph DEISS, lorsqu'il a declare hier, lors de
l'ouverture de cette session que:
« I'ONU est la garante de la gouvernance globale et
qll
'elle a
une legitimite globale
»,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je ne peux conclure mon propos sans reiterer I'adhesion des Comores aux efforts de la
cornmunaute intemationale, et plus particulierement les efforts personnels de Son Excellence
Ie President BARACK HUSSEIN OBAMA, visant
a instaurer au Moyen-Orient une
paix juste et durable, qui permette au peuple palestinien, de vivre librement et en securite,
dans un etat independant jouissant pleinement de tous ses droits legitimes,
Mon pays salue, en outre, les efforts visant
a mettre un terme aux cont1its fratricides
qui dechirent Ie Soudan, l' Afghanistan, la Somalie, la Republique Dernocratique du Congo et
la Region des Grands Lacs.
Nous reiterons, par ailleurs, notre ferme soutien
a l'integrite territoriale du Royaume
frere du Maroc ainsi que notre plein appui
ala proposition marocaine d'autonomie en tant
que solution de comprornis politique et definitive, au differend regional sur Ie Sahara
marocam.
Nous renouvelons, egalernent, notre soutien indefectible
ala revendication legitime de
la Republique Populaire de Chine, du retour de Taiwan dans Ie giron chinois.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
C'
est atravers la paix, la stabilite et la securite, dans le respect du droit international,
que nos Nations seront en mesure d'atteindre les objectifs de developpernent qu'elles se sont
fixees, en faveur de nos populations respectives.
Je reste, done, confiant que notre Organisation continuera
a faire de ces iMmIX, son
principal combat.
J e
vous remercie.
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