Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Prenant la parole pour la première fois devant cette
auguste Assemblée, j'éprouve un réel plaisir à vous féliciter
chaleureusement, Monsieur le Président, pour votre élection à
la présidence de cette 6
0e session ordinaire de l'Assemblée
Générale de notre Organisation.
Une élection qui vous honore personnellement et consacre
vos qualités de diplomate bien apprécié de tous. Elle rehausse
également l'image de marque de votre pays.
Soyez assuré du soutien de la délégation de l'Union des
Comores, pour que vous meniez à bien votre exaltante mission.
Votre prédécesseur, Son Excellence Monsieur Jean PING,
mérite toute notre admiration, mais aussi nos félicitations,
pour l'efficacité et le dévouement avec lesquels il a dirigé
les travaux de la 5
9e session.
Qu'il me soit permis de renouveler ici la confiance que
nous accordons à notre Secrétaire
général, son Excellence
Monsieur
KOFI ANNAN, mais surtout notre reconnaissance pour
son engagement constant en vue de l'avènement d'un monde plus
juste, plus paisible et plus prospère !
Monsieur le Président,
Notre monde est confronté à des défis et à des menaces
qui remettent en cause la sécurité et la prospérité. Et
pourtant l'on assiste aujourd'hui à un essor technologique et
scientifique sans précédent !
De ce constat, ressort une nette régression des valeurs
humaines et des principes fondamentaux devant concourir à
l'instauration de la paix, au respect de la dignité humaine et
à la solidarité internationale.
Est-il besoin d'énumérer les fléaux modernes qui
embrasent toutes les régions du monde et qui ont pour nom
extrémisme, terrorisme, épuration ethnique et j'en passe.
A
ce paysage sombre de l'état du monde, qui résulte
d'une défaillance de la conscience humaine, s'ajoutent les
calamités naturelles que sont les inondations, les cyclones,
les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, les raz
de marées et bien d'autres hélas !
Le cas du cyclone Katrina, qui a ravagé la Louisiane,
pour n'en citer que le plus récent, en est un exemple
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frappant. Le Gouvernement de l'Union des Comores, par ma voix,
exprime toute sa sympathie à son homologue des Etats-Unis
d'Amérique et à tout le peuple américain.
Monsieur le Président,
Les victimes de la violence et de l'injustice humaine,
comme celles des calamités naturelles, n'ont d'autre recours
qu'en cette Organisation investie de la plus noble mission,
celle de défendre et préserver leur dignité.
Mais cette même organisation aura besoin d'un souffle
nouveau, pour impulser une action internationale à la mesure
des attentes de nos peuples.
C'est pourquoi une redéfinition de notre vision en
matière de sécurité planétaire s'impose. Elle doit placer
l'être humain au coeur de la réflexion et prendre en compte
tous les paramètres liés à la sécurité de celui-ci.
En effet, aucune paix durable ne saurait être envisagée
dans la misère, la maladie, le désespoir, la guerre et
l'oppression, bref, dans l'incertitude du quotidien et de
l'avenir.
C'est dire la relation indissociable de la paix et du
développement auxquels nous aspirons tous et, par conséquent,
l'urgence de nous imposer un code de bonne conduite et de vie
où le droit devra tout réguler.
Il importe alors de revigorer l'ONU et la redynamiser,
pour la préparer efficacement à faire face aux problèmes du
monde contemporain.
Toutefois, la composition de ses organes doit être la
plus représentative possible du monde, afin de mieux consacrer
et illustrer son universalité, garantir l'égalité souveraine
des Etats, notamment les plus petits.
Il importe également que l'ONU, en sa qualité de
première Institution planétaire, fonctionne sur la base de
règles et normes reconnues et approuvées de tous, ce qui
renforcera sa crédibilité.
C'est seulement de cette manière que nous réglerons
réellement les problèmes du terrorisme, en le traitant à la
racine et que nous marquerons notre sympathie et toute notre
solidarité à ceux qui ont consacré toute leur vie à la lutte
contre l'exclusion et l'injustice.
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En ce moment précis, j'ai une pensée profonde pour tous
ceux qui ont combattu pour ces nobles causes, partout dans le
monde. Le peuple frère de Palestine en est une parfaite
illustration.
En effet, les aspirations du peuple palestinien, sont
celles d'un peuple revendiquant sa dignité et sa sécurité.
Aussi, pour l'intérêt de tous les peuples du Proche
Orient, le processus de paix devra-t-il continuer, car
construire la paix et la préserver demeurent une exigence
majeure pour notre monde.
Il est urgent qu'un Etat palestinien soit créé et qu'il
puisse vivre avec l'Etat d'Israël et tous les autres pays
voisins, dans la paix, la sécurité et la stabilité.
Mon pays salue ainsi le retrait d'Israël de la bande de
Gaza, lequel constitue un pas décisif dans la recherche d'une
solution rapide, juste et équitable à ce problème qui n'a que
trop duré.
Nous restons convaincus que ce geste augure de
s
perspectives heureuses pour la région et les peuples
concernés.
S'agissant de l'Irak, les conditions doivent être
suffisamment créées pour permettre une réelle avancée vers la
paix, laquelle garantira la stabilité nécessaire au
développement socio-économique de ce pays.
En Asie, la situation mérite également une attention
particulière de la part de la Communauté
internationale.
En effet, l'enlisement de la question de la province
chinoise de Taiwan, pour ne citer que ce cas, n'est pas de
nature à favoriser la stabilité dans cette partie du monde.
C'est pourquoi, dans son souci de voir s'affirmer
toujours la primauté du droit, dans les relations
internationales, et garantir le respect de l'unité nationale
des pays, l'Union des Comores exhorte cette auguste Assemblée
à prendre en compte la revendication légitime du Gouvernement
de la République populaire de Chine sur la province chinoise
de Taiwan.
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Monsieur le Président,
En Afrique, nous notons avec satisfaction le dénouement
de certaines crises, notamment en République du Soudan, où
l'évolution actuelle de la situation ouvre des perspectives
vers une réconciliation nationale effective. Le Gouvernement
de l'Union des Comores encourage les parties soudanaises à
persévérer dans cette voie.
Quant aux autres crises non encore résolues, nous
exhortons la Communauté
internationale à jouer un rôle de
premier plan, en vue de leur dénouement.
En effet, la stabilité demeure une condition primordiale
pour le succès des efforts de développement économique de
l'Afrique, déployés à travers le NEPAD et les autres
initiatives régionales et mondiales concourant au même
objectif.
De même, ces efforts ne sauraient être concluants, si
le sida, le paludisme, la drépanocytose et j'en passe,
continuent de sévir dans nos pays.
A cela s'ajoutent le lot d'autres menaces tels que la
sécheresse, la famine, l'invasion acridienne, l'extrême
pauvreté, et le poids de la dette qui contribue à engloutir
les économies dans nos pays.
Aussi, comment ne pas saluer l'initiative de la tenue du
Sommet sur l'Evaluation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement, qui devra permettre les réaménagements
nécessaires, pour que d'ici 2015, l'objectif de développement
visé soit atteint.
Monsieur le Président,
Les problèmes environnementaux affectent tous les Etats
et constituent une source de réelle préoccupation pour nous
tous.
La pollution à outrance, la destruction de la couche
d'ozone, le déboisement, la montée de la mer, bref la
dégradation sans cesse croissante de l'environnement appellent
à une réelle prise de conscience de cette menace planétaire.
Mais si ces problèmes sont propres
à plusieurs Etats, il
convient de reconnaître que certains parmi eux, en
l'occurrence les Petits Etats Insulaires en Développement,
présentent des particularités qu'il faudrait prendre en
considération et traiter avec davantage d'attention.
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C'est le cas pour l'Union des Comores qui a récemment
connu une éruption volcanique ayant engendré des dégâts
majeurs sur l'environnement.
Ces menaces qui pèsent quotidiennement sur nos pays
appellent à la mise en place, dans les meilleurs délais
possibles, de mécanismes de prévention et de gestion des
catastrophes naturelles.
Nous nous félicitons des initiatives régionales,
notamment au niveau de la Commission de l'Océan Indien, qui
vont dans le sens d'une meilleure prise en charge de ces
situations et nous exhortons la Communauté internationale à
nous apporter également son précieux concours.
Je saisis cette occasion pour exprimer notre
reconnaissance au Gouvernement français, au programme des
Nations Unies pour le Développement, à tous les autres pays
amis et aux institutions spécialisées des Nations Unies qui
nous ont grandement assistés, dans la prise en charge et la
gestion de cette catastrophe.
Monsieur le président,
Je parlais plus haut des inégalités qui caractérisent
notre monde. Elles se manifestent à plusieurs niveaux certes,
mais l'aspect socio-économique est le plus criant.
Longtemps en marge de la sphère mondiale des décisions,
nos pays du sud continuent de subir les conséquences de leur
fragilité économique. Les règles de jeu dans le système du
Commerce mondial nous excluent, de facto, du circuit.
D'autre part, le faible degré d'appropriation des
nouvelles technologies de l'information et de la communication
dans le sud est plus que révélateur du grand écart qui existe
dans ce domaine entre nos pays et ceux du nord.
De son côté, la dette continue de peser sur de nombreux
pays du sud, même si, dans un élan de générosité et surtout
de responsabilité de la part des pays riches, certains parmi
eux ont vu leur situation prise en compte et améliorée, à
travers l'annulation de leur dette.
C'est dire toute l'urgence qui caractérise l'examen de
la situation économique et financière des pays du sud pour
leur permettre de s'inscrire réellement dans la dynamique de
la mondialisation.
Ainsi, pour remédier aux disparités et à la lenteur
constatées dans la réalisation des objectifs de développement
en général, un partenariat mondial s'impose.
Dans ce contexte, il est urgent d'accorder une attention
particulière
à la situation des couches sociales les plus
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défavorisées, notamment en leur assurant l'accès aux services
financiers, à travers la promotion de la micro finance et du
microcrédit.
Par ailleurs, la situation de la dette nous interpelle
et son examen objectif s'impose. Nous devons placer
l'annulation de la dette publique des Pays Pauvres Très
Endettés, celle des Pays les Moins Avancés et celle des Pays
en Développement à faible revenu et à revenu intermédiaire, au
centre de nos préoccupations.
Enfin, l'action internationale devrait aller dans le
sens de la promotion d'un système commercial équitable,
réglementé, ouvert et non discriminatoire, notamment en
facilitant l'adhésion des pays en développement à
l'Organisation Mondiale du Commerce.
Monsieur le Président,
L'ONU est une tribune irremplaçable. Creuset à la fois
de nos cris d'alarme et de nos espoirs pour un monde meilleur,
elle reste le cadre idéal pour évoquer la situation mondiale
et donner un aperçu de la situation dans nos pays respectifs.
En ce qui concerne l'Union des Comores, je suis heureux
de vous annoncer, du haut de cette tribune, le parachèvement
de la mise en place des nouvelles institutions qui sont
aujourd'hui effectives. Nous y avons tous grandement
contribué, soyez-en remerciés !
Nous avons, à présent, le double devoir de consolider
les précieux acquis de la réconciliation nationale et de
promouvoir le développement socio-économique du pays.
C'est ainsi qu'avec nos partenaires au développement,
nous menons des actions en vue de redynamiser notre
coopération pour mieux l'orienter vers le bien-être de la
population.
Dans cette même optique, la réalisation des Objectifs du
Millénaire pour le Développement demeure une des priorités du
Gouvernement de l'Union des Comores.
Par ailleurs, mon pays qui a conclu un programme de
référence avec le Fonds Monétaire International (FMI), en
janvier 2005, poursuit ses efforts d'assainissement des
finances publiques, dans la perspective de conclure avec les
Institutions de Bretton Woods, un programme de Facilité de
Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (FRPC), visant
à mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise
en oeuvre de ses priorités de développement.
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Dans cette démarche, les autorités comoriennes oeuvrent
également à la concrétisation de la recommandation de la
Communauté Internationale relative à la tenue d'une Conférence
des Bailleurs des Fonds, en faveur des Comores.
J'ai donc le plaisir d'informer cette auguste Assemblée
que cette assise capitale pour le devenir économique et social
de mon pays se tiendra le 8 décembre prochain, en République
de Maurice, sous les auspices de l'Union Africaine.
Au nom de mon pays, j'exhorte la communauté
internationale à nous apporter son précieux concours en vue de
sa réussite.
Je voudrais également saisir cette agréable opportunité,
pour exprimer notre profonde gratitude à la République de
Maurice, pour son offre généreuse d'abriter cette importante
Conférence.
Nous remercions tout particulièrement le Premier
Ministre de l'île Maurice, Son Excellence Navin Chandra
Rangoolam, pour sa disponibilité à co-présider cette
Conférence.
Dans le même sens, au nom du Gouvernement de l'Union des
Comores, je rends un hommage mérité à la République d'Afrique
du Sud pour son soutien constant au profit des Comores et pour
avoir mené, avec succès et réussite, la coordination des
efforts de l'Union Africaine et des Pays de la région, en
faveur du processus de réconciliation nationale de mon pays.
Les comoriens accueillent avec bonheur et satisfaction,
l'intérêt constant que Son Excellence Monsieur Thabo MBEKI,
Président de la République d'Afrique du Sud attache au devenir
des Comores et sa disponibilité à co-présider la Conférence
au profit des Comores.
Monsieur le Président,
Je ne saurais clore mon propos sans évoquer, devant
cette auguste Assemblée, la question de l'île comorienne de
Mayotte.
A la suite d'une série de concertations engagées entre
les autorités françaises et comoriennes, dans leur souci
partagé de trouver, à cette question, une solution qui
préserve à la fois l'amitié et la coopération entre les deux
pays, sauvegarde les intérêts des deux Etats et qui
satisfasse aux aspirations de l'ensemble de la population de
l'Archipel, une nouvelle dynamique est initiée.
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Elle consiste à favoriser le dialogue direct entre les
deux parties, l'objectif étant de trouver une solution liant
le droit aux intérêts des uns et des autres.
Le gouvernement comorien fonde beaucoup d'espoir en
cette dynamique. Il pense, en effet, pouvoir faire confiance à
la République Française, pour sa disponibilité d'oeuvrer à la
recherche d'une solution concertée et honorable à cette
situation.
Je saisis donc cette opportunité pour renouveler nos
sincères remerciements à l'endroit de tous les Amis des
Comores qui n'ont jamais cessé d'apporter leur soutien, leur
encouragement et leur solidarité agissante à mon pays, dans la
recherche d'une solution conforme au droit, sur cette
question.
Je voudrais également les rassurer, au nom du
Gouvernement de l'Union des Comores, qu'ils seront constamment
tenus informés de l'évolution de ce dossier et qu'ils seront,
si tel est l'intérêt de la question, associés
à ce processus.
Monsieur le Président,
Oeuvrer pour la paix c'est lutter contre tout ce qui
nourrit l'extrémisme et toute forme de frustration possible.
Oeuvrer pour la paix, c'est également mettre les moyens
nécessaires à la garantie d'un développement sans lequel
l'Homme n'a aucune dignité.
Aussi, le salut de notre monde réside en cette
organisation. Oeuvrons pour son renouveau, pour plus de
paix, de bonheur et pour plus de dignité humaine !
Oeuvrons pour l'égalité des chances pour tous !
Je vous remercie.