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ALLOCUTION DE S. E., M. KOLAWOLE A. IDJI, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DE L'INTEGRATION AFRICAINE : 56EME SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Wednesday, 14 November 2001

 

REPUBLIQUE DU BENIN

ALLOCUTION DE
SON EXCELLENCE, MONSIEUR KOLAWOLE A. IDJI, 
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET 
DE L'INTEGRATION AFRICAINE
56EME SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE 
DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES
New York, le 14 Novembre 2001

(VERIFIER A L'AUDITION)

 
Monsieur le Président,

En prenant la parole à cette prestigieuse tribune, je voudrais tout d'abord m'indigner des conditions inacceptables que nous impose le terrorisme, au cours de cette 56ème Session de l'Assemblée Générale de notre Organisation.

New York est traditionnellement une ville accueillante et cosmopolite !

Et voilà qu'elle est obligée de prendre, et notre Organisation avec elle, à l'occasion de cette 56ème Session de l'Assemblée Générale, des allures de forteresse assiégée ! ! !

Nul ne sait ce que programment les terroristes, nul ne sait leurs prochaines victimes. Face à leur entreprise diabolique, nous sommés tous du même côté. Du côté de cette ville meurtrie, du côté du peuple américain et de son gouvernement, du côté de toutes les victimes innocentes, celles de Pensylvanie, celle de Washington et celles de New York froidement et cruellement abattues en cette journée tragique du 11 septembre 2001 !

En réitérant notre profonde compassion et nos condoléances à toutes les familles éplorées, à leurs pays, à leurs gouvernements, nous réaffirmons en même temps notre condamnation sans appel du terrorisme.

Le terrorisme viole les principes de toutes les religions. Il souille toutes les causes, même les plus justes, au nom desquelles il prétend pourtant agir. C'est pourquoi il doit être combattu par nous tous, et sans complaisance aucune.

La prise de conscience universelle suscitée par les événements tragiques du 11 septembre 2001 doit nous amener tous, petits et grands, riches ou pauvres, à nous associer, dans un effort exceptionnel, pour lutter contre ceux qui ont décidé de nous sacrifier, sans jamais prendre notre avis ni sur leur méthode de lutte, ni sur leurs objectifs !

Mais il faut également le dire : aussi totalement condamnables que soient les pratiques terroristes, elles ne peuvent être durablement éradiquées que si l'on détruit les terreaux fertiles où poussent les situations qui leur servent de prétextes !! le respect strict des droits de l'homme et des peuples, inscrits en bonne place dans la charte des Nations Unies, doit aujourd'hui plus que jamais, guider notre pratique politique. Il est urgent que l'Organisation des Nations Unies prenne toute sa place dans les relations internationales, et qu'elle joue pleinement le rôle qui est le sien. La Réforme du Conseil de Sécurité est, à cet égard d'une urgente et impérieuse nécessité.

La misère, l'injustice, l'exclusion et la marginalisation finissent toujours par produire le désespoir absolu qui fait fleurir les extrémismes ! Et l'on sait comment les extrémistes sacrifient facilement leurs vies, et celles des autres !!!

Il est de notre devoir à tous, mais surtout des plus puissants parmi nous d'apporter l'appui nécessaire pour éradiquer la misère, la marginalisation, l'exclusion, l'injustice, et d'avoir cela constamment présent à l'esprit dans le combat déterminé qu'il est juste et légitime de livrer contre toutes les formes de terrorisme. 
 

Monsieur le Président,

L'actualité tragique que je viens de rappeler aggrave nos inquiétudes et alourdit vos responsabilités en tant que Président de notre Assemblée Générale. Mais vos talents personnels et votre expérience des affaires du monde nous confirment dans la conviction que vous saurez mener à son port le bateau de notre Organisation en ces circonstances particulièrement cruciales. Votre pays et le mien ont entamé, depuis quelques, années déjà, des relations amicales et fructueuses et vous pouvez compter sur la collaboration et le soutien de la délégation béninoise en vue de l'aboutissement de votre noble mission.

Je voudrais également rendre un hommage mérité à Son Excellence Monsieur Harri HOLKERI, Ministre des Affaires Etrangères de la Finlande, qui a conduit avec brio l'Organisation des Nations Unies au nouveau Millénaire. II a assumé avec compétence et rigueur, la présidence de l'Assemblée du Millénaire ! Qu'il reçoive ici nos félicitations et notre gratitude !

Monsieur le Président, mes félicitations vont également à mon Frère, Monsieur Kofi ANNAN, pour sa brillante réélection au poste de Secrétaire Général de l'Organisation des Nations Unies, et pour le Prix Nobel de la Paix 2001 décerné à lui-même et à l'Organisation qu'il dirige avec compétence et dévouement.

L'Organisation des Nations Unies a beaucoup gagné en crédibilité, grâce, en particulier aux efforts de Monsieur Kofi ANNAN et à l'équipe du Secrétariat Général. Récompense ne pouvait être plus justifié, et nous, nous en sommes fiers !

En fait, c'est l'Afrique tout entière qui est honorée. Au nom de la délégation béninoise et en mon nom personnel, je voudrais réitérer nos vives. et chaleureuses félicitations, et nos encouragements. 
 

Monsieur le Président,

Je voudrais saisir l'heureuse occasion que m'offre cette Tribune pour adresser à la Communauté internationale, et à chacun d'entre vous en particulier les remerciements de mon pays, pour votre participation massive à la 4ème Conférence Internationale des Démocraties Nouvelles ou Rétablies, qui s'est déroulée à Cotonou du 04 au 06 décembre 2000.

En effet, la Conférence de Cotonou a connu une participation record avec 106 Etats représentés, 20 Organisations Internationales et 51 Organisations Non Gouvernementales, sans compter les Universitaires et autres Chercheurs curieux de découvrir l'expérience béninoise de la démocratie. Le Bénin a été honoré par la participation effective de trois (03) Chefs d'Etat ! le Secrétaire Général des Nations Unies et l'Administrateur du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ont tenu à faire personnellement le déplacement sur Cotonou. Nous saluons cette disponibilité et cette bienveillance et exprimons notre gratitude à tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux , ceux des démocraties nouvelles ou rétablies, et ceux des démocraties plus anciennes qui ont contribué au financement de l'organisation de cette Conférence.

A en juger par son thème : "Paix, Sécurité, Démocratie et Développement", la Conférence de Cotonou a été une étape importante dans la marche de notre siècle vers la consolidation et l'élargissement de la démocratie.

Elle a marqué une avancée remarquable par l'approche prospective et la pertinence du document qui a sanctionné ses travaux, document intitulé «Déclaration de Cotonou».

Cette Déclaration énonce des mesures courageuses et hardies devant amener à bâtir et à vivre la démocratie dans la paix et la sécurité, et le respect des diverses cultures. Car il n'y a de démocratie qu'adapté au terreau où elle s'implante, même si ses valeurs essentielles sont universelles.

La Conférence de Cotonou a également permis de mesurer combien est réelle la marche de la démocratie en Afrique. Tous les peuples veulent la liberté !! Mais, la capacité institutionnelle et financière à l'instaurer est faible dans bien des cas, notamment dans les pays en développement.

C'est pourquoi, mon pays souhaite qu'une assistance plus substantielle soit accordée au renforcement des capacités institutionnelles de nos pays, tant il est vrai que la démocratie ne peut fonctionner que si les dirigeants et les populations se sentent concernés au même titre.

Il s'avère indispensable aussi qu'au niveau du système des Nations Unies la structure recommandée par la conférence de Cotonou pour le suivi de la Conférence Internationale des Démocraties Nouvelles ou Rétablies soit mise en place en vue d'une meilleure coordination des différentes initiatives et activités entreprises ou envisagées par les agences, programmes, et diverses institutions des Nations Unies.

En effet, la 4ème Conférence Internationale des Démocraties Nouvelles ou Rétablies s'est efforcée de faire ressortir et de mettre en exergue le lien, qui existe entre démocratie et développement.

La conférence a clairement indiqué que si la démocratie est une valeur de stabilité, la pauvreté est par contre un facteur majeur de déstabilisation, une source de conflits et de guerre. Les décisions de la 4ème Conférence Internationale des Démocraties Nouvelles ou Rétablies ne doivent pas rester lettres mortes. II faut organiser la coopération et la solidarité entre toutes les démocraties du monde. 
 

Monsieur le Président,

Lors du Sommet du Millénaire qui s'est tenu dans cette même salle, du 06 au 08 septembre 2000, de grandes décisions ont été arrêtées, au nombre desquelles figurent en bonne place, celles concernant les questions du développement et d'élimination de la pauvreté et des besoins particuliers des Pays les Moins Avancés.

La Déclaration du Millénaire dispose au point 15 de son chapitre III, je cite : "Nous nous engageons également à prendre en compte les besoins particuliers des Pays les Moins Avancés. A cet égard, nous nous félicitons de la convocation en mai 2001 de la troisième Conférence des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés et nous nous efforcerons d'en assurer le succès".

La Conférence s'est effectivement tenue à Bruxelles, du 10 au 20 mai 2001 et a abouti à un plan d'action âprement négocie.

Mais nous nous interrogeons toujours. Les pays pauvres connaîtront-ils un jour la prospérité ? Arriveront-ils un jour à satisfaire leurs besoins fondamentaux ? Comment financeront-ils leur développement ?

L'aide publique au développement régresse ! Les investissements dans les pays pauvres demeurent faibles. Le fardeau de la dette s'alourdit. Alors, que faire ??

Il faudrait, par rapport à la question de la dette, des solutions particulièrement hardies ; pour les pays créanciers, il faut le reconnaître, ces solutions ne sont ni simples, ni faciles. Certains de ces pays ont d'ailleurs déjà pris des mesures exemplaires et courageuses - les autres doivent suivre. Il y va de leurs propres intérêts de la paix dans le monde.

Cette demande n'est à notre sens que le symbole de la solidarité et de la responsabilité partagées. C'est pourquoi, la délégation béninoise recommande la mise en place urgente d'un mécanisme de suivi efficace et bien visible de la 3ème Conférence des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés. 
 

Monsieur le Président,

Dans le cadre de la recherche de la paix et de la promotion de la coopération internationale, beaucoup d'Organisations de désarmement et autres Organismes apparentés ont été créés pour réaffirmer que les questions de paix et de sécurité et les questions de développement sont interdépendantes et indissociables.

La création de la Zone de Paix et de Coopération de l'Atlantique Sud répond à ce besoin. Elle vise à protéger les Etats riverains de l'Océan Atlantique dans sa partie méridionale contre les dangers de l'arme nucléaire et à en faire une zone de paix et de renforcement de la coopération pour le développement.

Depuis la troisième réunion ministérielle qui s'est tenue a Brasilia (Brésil) en 1994, mon pays s'était offert pour abriter la 6ème rencontre prévue pour l'année 2000. Mais, en raison de l'organisation de la 4ème CIDNR, cette réunion n'a pu se tenir.

Mon pays souhaite la tenue rapide de cette 6ème assise. C'est pourquoi je voudras annoncer ici, la disponibilité du Bénin a organiser la 6 i Conférence ministérielle des Etats de la Zone de Paix et de Coopération de l'Atlantique du Sud au cours du deuxième semestre de l'année 2003.

Instrument privilégié de la Coopération Sud-Sud, la Zone de Paix. et de Coopération de l'Atlantique Sud doit 
jeter à Cotonou des bases nouvelles pour son fonctionnement efficace et régulier dans le nouveau contexte des relations internationales.

Vous êtes les bienvenus au Bénin, terre d'échanges et de rencontres, Terre de démocratie et de paix !!!

Cette paix qu'il est plus que jamais temps d'instaurer au Moyen-Orient, en reconnaissant urgemment, tous, la nécessité incontournable de l'Etat palestinien, à côté de l'Etat d'Israël, en paix avec tous ses voisins à l'intérieur de frontières sûres et reconnues. Cette paix dont l'Angola et toute l'Afrique ont soif.. 
 

Monsieur le Président,

Nous devons bannir les trafics illicites en tous genres sur le pétrole, sur le diamant, sur les armes. Ces trafics-là suscitent les guerres et les entretiennent. Ces traficants là sont, à vrai dire, de véritables terroristes !! 
 

Monsieur le Président,

Du 31 août au 08 septembre 2001, la République d'Afrique du Sud a accueilli à Durban, la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée.

Ce grand forum international organisé sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies a révélé au grand jour la soif de réhabilitation de la justice, du devoir de mémoire et de reconnaissance que l'histoire récente de l'humanité a laissée dans le subconscient de certains peuples.

Les débats difficiles sur les questions épineuses évoquées à cette occasion traduisent l'ampleur des difficultés d'une entreprise que nous avons pourtant tous ensemble appelée de tous nos voeux.

L'esprit d'ouverture des uns et des autres, et le savoir-faire impressionnant du pays hôte, la République d'Afrique du Sud, et en particulier de ma soeur, le Docteur ZUMA nous ont permis de parvenir à deux documents encourageants, le Plan d'Action et la Déclaration de Durban, et qui représentent à nos yeux, l'engagement renouvelé de la communauté internationale de lutter et d'extirper les germes du racisme et de la discrimination raciale.

Les bases ont été jetées, il reste que des actes suivent pour faire des documents de Durban des réalités quotidiennes. Il ne s'agit pas de retourner des couteaux dans la plaie. Il s'agit pour nous tous, ensemble, aujourd'hui, de panser les plaies du passé. 
 

Monsieur le Président,

Les événements tragiques que nous vivons encore nous ont contraint à reporter la session spéciale de l'Assemblée Générale des Nations Unies sur le suivi du Sommet Mondial consacré aux Enfants. Mon pays souhaite qu'une nouvelle date soit arrêtée au cours de cette session afin de prendre le pouls, dix ans après le Sommet Mondial, de la situation des Enfants dans le monde, car, beaucoup reste à faire pour améliorer le sort des enfants.

Permettez-moi, Monsieur le Président, de rappeler que mon pays, en ratifiant le 3 août 1990 la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant, est parmi les 22 premiers Etats ayant exprimé leur consentement à être liés par cet instrument. Le Bénin a également ratifié la Charte Africaine des droits et du bien-être de l'enfant, en 1996. La Constitution du 11 décembre 1990 en ses articles 12, 13 et 26 garantit l'éducation et assure la protection de la famille, de la mère et de l'enfant. C'est d'ailleurs pour marquer la volonté du Bénin dans ce domaine qu'un Ministère de la Famille, de la Protection Sociale et de la Solidarité a été créé pour se consacrer essentiellement à la mise en oeuvre d'une politique hardie et conséquente de protection de la famille, et particulièrement des enfants.

Des résultats encourageants ont été obtenus au niveau national, mais il reste encore tant à faire. Avec l'UNICEF, avec le PNUD, avec des ONG admirables comme Terre des Hommes, et plusieurs autres partenaires de bonne volonté, nous accomplissons sur ce terrain un travail admirable !!! Ceux qui connaissent le Bénin peuvent en témoigner.

Ces efforts conjugués n'ont pas empêché certains milieux mal informés ou mal intentionnés de monter l'Affaire ETIRENO, pour faire accroire que le Bénin est un pays esclavagiste et vendeur d'enfants ! ! ! Mais ni la mauvaise foi, ni la désinformation, ni cette autre forme de terrorisme intellectuel ne nous empêcheront pas d'avancer sur la voie de la démocratie et de la protection des femmes et des enfants contre les abus réels dont ils sont victimes dans tous les pays du monde et plus particulièrement dans les pays pauvres sous-développés. 
 

Monsieur le Président,

La Déclaration du Sommet du Millénaire avait fait une place spéciale à l'Afrique sous la rubrique "Répondre aux besoins spéciaux de l'Afrique". Un an après, les pays d'Afrique attendent un début de réalisation des promesses faites. Mais, désormais, les Africains ne se content pas d'attendre, prenant en mains leurs propres destins, ils ont eux-même élaboré le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique.

Le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique résulte de la confiance retrouvée des Africains en leurs propres capacités. II vise à donner aux Africains eux-mêmes l'initiative historique, sans rien renier, bien au contraire, de la coopération internationale.

Une importante étape vient d'être franchie avec ce document de base.

Les Africains peuvent enfin espérer que leur continent cesse d'être le continent de la maladie, de la pauvreté et de la misère, des conflits sanglants, pour que s'établisse enfin un vrai partenariat entre nous et le reste du monde.

Notre souhait est que cet espoir, se concrétise effectivement. Ensemble, nous le pouvons !

Je vous remercie.