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Statement by H.E. Mr. Hama AMADOU Prime Minister

NIGER

Statement

by

H.E. Mr. Hama AMADOU
Prime Minister

Twenty-Sixth Special Session of the
United Nations General Assemly on HIV/AIDS

New York, 27 June 2001

 

Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Si le sida fait aujourd’hui l’objet d’un Sommet Mondial, c’est que l’humanité a pris conscience du terrible danger que cette maladie représente pour l’espèce humaine.

En effet le sida se propage vite, tue sans rémission par la complexité et la faculté de mutation de son virus qui rendent la science humaine presque impuissante face a ce fléau.

Dès lors contrairement à la malaria, le sida a su contraindre l’humanité à l’humilité, mais aussi à prendre conscience de son unité et par conséquent de la nécessaire solidarité qui doit exister entre ses membres pour préserver l’espèce. Ce qui apparaissait il y a quelque temps encore difficile à imaginer, le sida l’a réalisé : mobiliser le monde, uni et solidaire dans une coalition unanime de toutes les nations de la planète, pour faire face à la menace et l’enrayer.

Au Niger, nous nous félicitons donc de l’initiative de ce sommet et plaçons un espoir légitime dans sa pleine et totale réussite.

Mesdames et Messieurs,

Le Niger fait partie en Afrique, d’après les estimations des services de santé des pays où le taux de prévalence du VIH est encore faible : environ 1,4% de la population générale. Mais ce chiffre ne nous rassure guère car en réalité il traduit plutôt notre retard dans la mise en place des moyens de dépistage et de surveillance épidémiologique. Au demeurant 1,4% c’est encore trop, surtout quand on sait que le Niger se situe au carrefour de l’Afrique sub-saharienne et de l’Afrique du Nord, c’est a dire, constitue la piste de migration vers l’Europe, ou se pressent ceux qui refusent de se résigner à vivre dans la pauvreté et les pénuries structurelles des pays africains.

Au nombre de ceux-ci hélas il faut compter les malades qui ne savent pas qu’ils sont malades.

Au Niger, nous nous sentons donc concernés autant que les pays les plus infectés, et nous considérons que la lutte contre le sida dans un cadre régional et mondial doit tenir compte du Niger comme d’un couloir de migration possible de la maladie du Sud vers le Nord. Ce couloir il est indispensable de l’assainir.

Monsieur le Président,

Nous sommes venus avec l’espoir que ce sommet ne sera pas une rencontre de vains discours, mais la rencontre de la solidarité agissante entre riches et pauvres ainsi que de la responsabilité collective des Etats dans la lutte contre la pandémie, qu’il faut vaincre, en y mettant les moyens qui s’imposent.

C’est dire qu’au delà de la déclaration d’engagement que nous allons adopté au terme de nos travaux, chaque pays doit impérativement contribuer, selon ses moyens certes, mais en gardant à l’esprit que le combat contre le sida ne saurait négliger aucune ressource d’autant que ce sont les eaux des petits ruisseaux qui forment les grands fleuves.

Monsieur le Président,

C’est précisément pour cette raison que son Excellence Monsieur MAMADOU TANDJA, Président de la République du Niger, m’a chargé de transmettre au Secrétaire général des Nations Unies son Excellence Monsieur KOFI ANNAN, l’expression de ses encouragements sincères pour les efforts remarquables qu’il déploie afin de mobiliser dans le Fonds Spécial pour la lutte contre le sida, qu’il a initié, les moyens financiers importants dont ce combat a tant besoin. Il est vrai, ce Fonds est indispensable.

Le Niger, naturellement le soutient avec conviction. Mais l’argent à lui seul ne réglera pas le problème du sida. Il faut en surplus un engagement politique fort et au plus haut niveau dans tous nos pays. Il faut également une totale accessibilité des populations à toutes les informations disponibles sur la maladie. Car il s’agit de briser les tabous et lever les pesanteurs socio-culturelles, en un mot éduquer en la matière les hommes et les femmes sur lesquels la tradition exerce son empire aveugle.

Il faut enfin que les antirétroviraux soient accessibles financièrement et géographiquement pour tous les malades.

Mesdames Messieurs,

Ce Sommet nous pousse à l’espérance et constitue sans aucun doute un premier pas, vers la maîtrise de la pandémie. C’est en l’occurrence une grande chance pour l’humanité qui a enfin compris qu’aucun Etat, aussi riche et puissant soit-il ne peut vaincre cette maladie sans les autres. Dès lors la stratégie de la lutte contre l’épidémie du sida doit avoir une amplitude mondiale, et se fonder à la fois sur une approche régionale et sur des initiatives sous-régionales. Il faut, autrement dit, tous collaborer et cesser de considérer que le Sida est une maladie comme les autres, avec laquelle on peut faire du commerce et du profit.

Mesdames et Messieurs,

La lutte contre le sida va coûter financièrement très cher. Le sida coûte déjà hélas trop cher en vies humaines. Ce sommet, pensons - nous, doit avant tout servir à mobiliser des ressources financières conséquentes et à aider les nations les plus faibles, c’est à dire les plus exposées à l’expansion rapide de la maladie. En effet, ces pays manquent cruellement de moyens de dépistage; de personnel sanitaire adéquatement formé et de plateaux techniques. Mais ces pays sont vulnérables en raison du faible niveau d’éducation des hommes et des femmes, qui continuent malheureusement de croire que le sida n’est qu’une invention de l’occident, sinon une maladie honteuse à l’instar de la lèpre qu’il faut cacher.

Il faut par conséquent de l’argent, et beaucoup d’argent, car déjà, à deux dollars par jour et par malade, dans des pays comme le nôtre, les gens continueront de mourir du sida. En effet l’Etat ne peut assurer leur prise en charge et la faiblesse excessive de leurs revenus actuels les condamnent à une mort inévitable.

Pour me résumer, je veux dire que, à l’heure où je vous parle, pour survivre avec le sida, il faut être riche où vivre dans un pays prospère. Mais le sida a vocation aussi à ruiner la prospérité.

C’est dire combien, il est important que ce Sommet aboutisse à la mobilisation de fonds importants, pour impulser à la fois la recherche dans les institutions publiques et aider à la prise en charge des séropositifs dans les pays à faibles revenus. Car sans l’espoir d’une prise en charge possible, peu de personnes accepteront à l’évidence de se soumettre volontairement à l’épreuve des tests du sida. Ils continueront plutôt d’espérer, et c’est humain, qu’ils ne sont pas malades, devenant ainsi les vecteurs inconscients d’une maladie qui ne pardonne pas.

C’est pourquoi le Niger a décidé également de contribuer au Fonds Spécial pour la lutte contre le sida pour un montant symbolique de 50.000 dollars.

Je vous remercie.