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56ème SESSION ORDINAIRE DE L’ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES DISCOURS DE S.E. Mme Aichatou Mindaoudou

 

 

56ème SESSION ORDINAIRE DE L’ASSEMBLEE

GENERALE DES NATIONS UNIES

DISCOURS DE S.E. Mme Aichatou Mindaoudou

Ministre des Affaires Etrangères , de la

Coopération et de l’Intégration Africaine

DE LA REPUBLIQUE DU NIGER.

New York, le 12 Novembre 2001

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire Général,

Excellences Mesdames et Monsieur,

Les présentes assises, sous la présidence de l’une des personnalités les plus éminentes de la République de Corée, représentent le meilleur témoignage de l’évolution positive des Relations Internationales et de la fin de la bipolarisation idéologique du Monde.

Le Niger s’en réjouit et adresse, à vous-même, Monsieur le Président ainsi qu’aux autres membres du bureau de la 56ème Session de l’Assemblée Générale ses plus chaleureuses félicitations.

Nous restons convaincus que vous poursuivrez avec le même dynamisme, le même brio et les mêmes qualités humaines, le travail remarquable accompli par votre Prédécesseur, S.E. Mr HARRI HOLKERI de la Finlande pour le bien de l’humanité.

A notre frère S.E. Mr Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies, je réitère toutes les félicitations du NIGER pour sa réélection à ce poste dont il a rehaussé la visibilité, le prestige et l’efficacité, et pour l’obtention du prix Nobel de la paix 2001 qui témoigne, si besoin est, de la reconnaissance mondiale de l’oeuvre déjà accomplie au service de l’humanité.

Il s’agit là , d’un démenti éloquent a l’endroit de tous ceux qui prétendent trouver dans la négation des principes fondamentaux de dialogue entre les cultures et entre les nations, principes contenus dans la Charte des Nations Unies, la voie royale du salut des coeurs et des âmes.

Suite aux événements tragiques du 11 septembre dernier survenus aux Etats-Unis d Amérique, le monde entier a pris la mesure des dramatiques conséquences de cette idéologie manichéenne et pour tout dire, terroriste qui constitue à n’en point douter, une menace pour la paix et la sécurité internationales. Les dits événements ont été prétendument commis sous la bannière de l’Islam. Or, comme chacun le sait, L’Islam est une religion du juste milieu, qui condamne l’assassinat et le suicide. Il prône entre autres le dialogue et la persuasion, le combat intérieur permanent contre toute tentation nihiliste individuelle ou collective. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Niger s’associe pleinement à la coalition mondiale contre le terrorisme. Voilà pourquoi lors des récents débats sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international, le Niger, a réitéré sa ferme condamnation de toute forme de violence ainsi que son engagement résolu à s’investir dans toutes les initiatives sous-régionales et internationales tendant à éradiquer ce mal.

A cet égard, mon pays souscrit aux termes des résolutions pertinentes de l’Assemblée Générale et du Conseil de Sécurité et se félicite de l’émergence d’un consensus général sur la nécessité de mener le combat contre le terrorisme dans une démarche collective et globale qui s’inscrit dans le cadre de la légalité internationale qu’incarne l’ONU.

Pour réussir, la lutte contre le terrorisme devra reposer sur un programme de coopération internationale incluant notamment une assistance technique et financière substantielle aux Etats les plus démunis afin de leur permettre de contribuer de manière significative au processus.

Monsieur le Président,

Parlant encore de paix et de sécurité, je voudrais signaler que dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération des armes nucléaires, le processus de ratification du Traité d’Interdiction Complète des Essais nucléaires (TICE) et de signature de l’Accord de garantie avec l’AIEA, engagé par mon pays, se trouve actuellement au stade de finalisation.

S’agissant des armes conventionnelles, la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères et de petits calibres sous tous ses aspects, a traduit dans les faits un des engagements pris par nos chefs d’Etats et de gouvernement dans la Déclaration historique du millénaire.

Le Niger se félicite que la conférence ait pu adopter par consensus un programme d’Action pour combattre ce fléau qui constitue l’une des menaces les plus graves à la paix et à la sécurité internationales. En outre, le Niger se réjouit de constater que le dit Programme a pris en compte l’essentiel des préoccupations exprimées par les Etats africains dans la Déclaration de Bamako, en prévoyant notamment des mesures d’assistance technique et financière aux actions de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants.

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

De nos jours, aucune région du monde n’est épargnée par le commerce et la circulation illicites des armes légères. Mais les pays en développement et en particulier ceux du continent africain payent le plus lourd tribut à la prolifération des armes légères et de petits calibres au triple plan de leur sécurité, de leur stabilité et de leur développement.

C’est pourquoi, le moratoire de la CEDEAO sur la fabrication, l’exportation et l’importation des armes légères adopté à Abuja le 31 octobre 1998 et reconduit le 5 juillet dernier pour 3 ans ; et le Programme de coordination et d’Assistance pour la sécurité et le développement (P.C.A.S.E.D) doivent bénéficier d’un soutien financier conséquent de la communauté internationale.

A cet effet, le Niger réaffirme son soutien à la proposition du Royaume Uni de créer un Fonds international géré par le PNUD pour la collecte d’armes légères. Ce fonds, s’il devenait effectif, contribuerait à soutenir les projets régionaux et nationaux relatifs à la collecte et à la destruction des armes légères en échange de projets de développement.

A cet égard, il me plaît de réitérer devant cette auguste Assemblée, les remerciements du Niger aux pays qui participent au “Groupe dit des Etats intéressés par les mesures pratiques de désarmement”.

Monsieur le Président,

Dans la Déclaration du Millénaire, les dirigeants du monde se sont engagés à accroître l’efficacité de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, en lui donnant les moyens et les outils nécessaires pour mieux assurer la prévention des conflits, le règlement pacifique des différends, la consolidation de la paix et la reconstruction post-conflit.

Pour être effective, la stratégie préventive de gestion des conflits, exposée dans le rapport du Secrétaire général, nécessite que la Communauté Internationale, de concert avec les acteurs nationaux et régionaux, adopte une approche d’ensemble qui engloberait des mesures politiques, diplomatiques, humanitaires et institutionnelles, et mette en oeuvre des actions de revitalisation économique.

C’est pour donner suite à ce rapport que mon Pays, dans la dynamique nationale de consolidation de la paix, a organisé en juillet dernier à Agadez , un forum, le premier du genre en Afrique, sur la prévention des conflits, avec le concours de l’ONU. Ce Forum a recommandé l’élaboration d’une stratégie nationale de prévention des conflits dont la mise en oeuvre sera coordonnée par la Commission Nationale de Dialogue social regroupant les représentants de l’Etat et de la société civile.

Mesdames et Messieurs,

Depuis trop longtemps, l’attention de la Communauté Internationale est focalisée sur le Moyen Orient, où les efforts réitérés de règlement négocié du conflit israélo-arabe ne cessent d’aboutir à l’impasse. Le ralliement du G8 à l’idée d’envoyer des observateurs internationaux en territoire palestinien est un pas important qui devrait garantir une application impartiale des recommandations du rapport Mitchell.

Le Niger tient à réaffirmer devant cette auguste Assemblée que le règlement durable du conflit israélo-palestinien passe nécessairement par la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien à la création d’un Etat indépendant souverain.

S’agissant du conflit du Sahara occidental, le Niger soutient les efforts de l’O.N.U en particulier ceux consentis par le Secrétaire Général et son envoyé spécial, en vue de parvenir à un règlement définitif acceptable par toutes les parties intéressées et concernées.

En Asie, la rencontre au sommet au mois de juillet dernier en Inde, entre le Président Pakistanais et le Premier Ministre Indien, avait suscité un grand espoir pour le règlement politique du conflit du Cachemire. De telles initiatives doivent être soutenues et encouragées afin de permettre le plus rapidement possible l’accession à l’autodétermination du peuple cachemiri, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la question.

Monsieur le Président,

En décidant de conférer dans ses décisions la plus haute priorité aux besoins spécifiques de l’Afrique, le Sommet du Millénaire a pris toute la mesure des graves problèmes qui assaillent notre continent.

Pour preuve, la majorité des Etats africains figurent sur la liste des pays les moins avancés, les plus pauvres et sont les laissés pour compte de la révolution technologique. Les ravages occasionnés par les conflits armés et la pandémie du VIH/SIDA ont affecté près de 26 millions d’Africains, et annihilé les progrès péniblement obtenus au cours de la décennie précédente.

Dans le même temps, les flux d’aide Publique au développement à destination de l’Afrique ont connu une chute vertigineuse, alors que les investissements étrangers directs ont continué à stagner.. Pire, entre 1999 et 2000 ces investissements ont même diminué, passant de 10,5 milliards de dollars à 9,1 milliards, alors que pendant cette même période, ils progressaient en Asie et en Europe Centrale et Orientale.

Monsieur le Président,

Il s’avère donc urgent d’accroître le volume de l’Aide publique au développement, d’élargir les initiatives d’annulation de la dette, d’améliorer l’accès aux marchés internationaux pour les exportations africaines, et de promouvoir l’investissement. Ces mesures doivent être complétées par un appui approprié aux efforts fournis par le système des Nations Unies, tant il est vrai que cette organisation constitue le cadre privilégié de promotion de nouveaux partenariats au profit de l’Afrique.

A cet égard, Le Niger souhaite vivement que soit encouragé l’élan de ré appropriation du développement par le continent africain. Cet élan est marqué par l’éclosion d’initiatives nationales et régionales dont l’illustration la plus récente est l’adoption par le Sommet de l’OUA de Lusaka, d’un plan de développement de l’Afrique, à la réalisation duquel d’ailleurs, le G8 a décidé de s’associer.

La prochaine Conférence Internationale sur le financement du développement doit marquer un tournant décisif vers la création d’un ordre économique mondial plus juste et plus équitable. Elle devra notamment aboutir à l’adoption d’une déclaration politique claire qui définisse des priorités stratégiques assorties d’un échéancier précis, en ce qui concerne le renforcement des capacités des pays en développement surtout les moins avancés d’entre eux, et leur intégration dans l’économie mondiale.

Cette conférence devra être le point de départ d’un large partenariat mondial destiné à drainer toutes les énergies vers la mobilisation de ressources aux fins du développement et la réforme de l’architecture financière internationale.

A ce sujet, le Programme d’action décennal de Bruxelles sur les PMA a permis de jeter les bases d’un partenariat mondial renforcé dont l’objectif est d’atteindre la croissance économique essentielle à la réduction de la pauvreté.

A l’issue des engagements fermes qui ont été pris à Bruxelles, il est désormais permis d’espérer qu’en ce qui concerne particulièrement le commerce, le cycle actuel de négociations de l’OMC qui se déroule au Qatar, prendra pleinement en compte les intérêts des PMA dont les 630 millions d’habitants aspirent légitimement à bénéficier des retombées positives de la mondialisation.

Monsieur le Président,

En l’absence d’une réponse adéquate des pays nantis, les dommages causés par l’épidémie du VIH/SIDA pourraient être irréparables puisque certains spécialistes prévoient 100 millions de morts d’ici 2010, si des mesures efficaces ne sont pas prises dès à présent pour endiguer ce fléau.

Faut-il par ailleurs rappeler que le paludisme inflige à l’Afrique autant de pertes en vies humaines que le Sida surtout dans la sous région ouest africaine ? Il est cependant réconfortant de constater enfin l’élan de prise de conscience, par la communauté internationale, de la grave menace que représente cette maladie.

Mesdames et Messieurs,

Le Niger se félicite de la décision de l’Organisation des Nations Unies de faire de la décennie 2001-2010 une “ Décennie pour faire reculer le paludisme en Afrique “. L’ O.N.U emboîte ainsi le pas aux différentes initiatives prises par l’OUA en matière de lutte contre le paludisme sous l’impulsion de Leurs Excellences YAHYA Jameh de Gambie, OLUSEGUN Obasanjo du Nigéria et MAMADOU Tandja du Niger.

Mesdames et Messieurs,

Il ne fait aucun doute que la lutte contre les grandes endémies requiert des ressources conséquentes et une forte capacité de coordination des actions.

Le Niger se félicite donc de la création par le Secrétaire Général, du Fonds Mondial pour la santé, Fonds qui devra permettre d’imprimer une nouvelle dynamique à la lutte contre le SIDA, le paludisme et la tuberculose, qui à eux trois font chaque année, 5 millions de morts à travers le monde.

L’annonce faite à Gènes par le Sommet du G8, de consacrer 1,8 milliards de dollars US pour le lancement du Fonds Mondial pour la santé constitue un pas important dans la bonne direction. Malgré tout, des progrès énormes doivent encore être accomplis. Selon les prévisions des Nations Unies, pour le seul SIDA, environ 3 milliards de dollars doivent d’abord être mobilisés avant 2002, et ensuite des contributions de l’ordre de 7 à 10 milliards de dollars seraient nécessaires chaque année jusqu’à 2005.

C’est dire que la Communauté internationale doit plus que jamais faire preuve de solidarité agissante entre riches et pauvres, d’un sens de responsabilité collective à toute épreuve, bref d’une volonté politique sans faille, si elle veut traduire en actes, la Déclaration d’engagement adoptée lors de la session spéciale sur le VIH/SIDA.

Monsieur Le Président,

Mesdames et Messieurs,

Les performances réalisées au Niger dans les réformes qui ont été engagées, ont permis de recréer et de consolider les bases économiques du pays, de revivifier les relations fructueuses avec les institutions financières internationales, et d’obtenir ainsi l’éligibilité du Niger à l’initiative PPTE.

En outre, le Niger vient de se doter d’un instrument-cadre de mise en oeuvre de sa politique nationale en matière de lutte contre la pauvreté. Une Stratégie de Réduction de la pauvreté (SRP) définit les priorités du pays ainsi que les mesures et actions à entreprendre afin d’atteindre les objectifs fixés dans les divers domaines qui permettront, d’ici à l’an 2015, de faire reculer sensiblement la pauvreté.

Cette lutte contre la pauvreté au Niger fait l’objet d’une forte implication au niveau politique le plus élevé. Un Programme initié personnellement par le Président de la République S.E.M MAMADOU TANDJA, vise l’amélioration des conditions de vie des populations nigériennes.

La première partie dite “ Programme du Président de la République”, a déjà permis la réalisation de 1000 puits, de 100 mini-barrages, de 100 écoles et de100 cases de santé au bénéfice des communautés rurales. Celles - ci, comme on le sait, sont, au Niger, en permanence confrontées à l’analphabétisme, à l’insuffisance aiguë d’infrastructures et à des déficits alimentaires cycliques, consécutifs aux caprices pluviométriques.

Ce programme met par ailleurs l’accent sur le lien entre la pauvreté et l’environnement. C’est dans ce cadre qu’il prévoit la plantation d’un million d’arbres sur toute l’étendue du territoire national, d’ici la fin de cette année.

Le Gouvernement est ainsi en parfaite symbiose d’une part avec les aspirations profondes du peuple nigérien qui retrouve dans ses actions les enseignements ancestraux d’effort personnel et collectif pour lutter contre les adversités et d’autre part avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux dont la préoccupation constante est la restauration de l’environnement.

L’ensemble des institutions de la famille des Nations Unies, l’Union Européenne en particulier la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grande Bretagne, mais aussi le Canada et le Japon contribuent de manière significative à la revivification du système écologique et à la lutte contre la désertification au Niger.

Au Niger nous avons pleinement conscience que ce combat est d’abord un combat national. Nous en assurons la promotion à travers le volontariat dont les racines, profondément ancrées dans nos traditions, trouvent par ailleurs des échos en dehors de nos frontières.

C’est le lieu ici pour moi de renouveler la profonde gratitude du Niger à tous les organismes du système des Nations Unies, en particulier le PNUD, le FNUAP et l’UNICEF ainsi qu’aux autres partenaires au développement du Niger , pour l’appui précieux qu’ils n’ont cessé d’apporter aux efforts du Gouvernement visant à promouvoir le bien-être des populations nigériennes.

Monsieur le Président,

La Communauté Internationale a besoin d’une ONU forte pour atteindre les objectifs ambitieux contenus dans la Charte et mettre en oeuvre la Déclaration du millénaire. Il est donc nécessaire d’appuyer sans relâche le Secrétaire Général dans ses efforts visant à réformer l’Organisation, à renforcer son rôle, et à la doter des moyens lui permettant de s’acquitter de sa tâche de façon adéquate. L’ONU reste en effet la seule institution capable de réaliser ce nouvel ordre mondial que chacun appelle de tous ses voeux.

JE VOUS REMERCIE.